Comment un barrage a détruit le lac Saint-Charles

J’ai parlé récemment de comment un barrage, en limitant la migration des poissons peut-être néfaste. Un barrage n’est pas uniquement une frontière comme une chute, sa création même, qui inonde des terres autrement émergée, est néfaste.

Vous pouvez trouver ici ce document Considérations écologiques minimales dans la gestion d’une réserve d’approvisionnement en eau potable : le cas du lac Saint-Charles.

“Impact et intervention humaine et répercussion sur les écosystèmes” est particulièrement éloquent des impacts d’un barrage. À titre d’exemple ils parlent de la clarté de l’eau qui est passé de plusieurs mètres à quelques pieds. Il est déplorable qu’un barrage pensé pour “protéger” le lac soit finalement la chose la plus néfaste à lui être arrivé depuis la dernière glaciation…

Une fois l’envasement fait, même la destruction du barrage n’y changera rien. Cet envasement irréversible est sans doute l’effet le plus durable et le plus drastique d’une élévation subite et durable du niveau des eaux. Avec la matière organique il se forme une fermentation anaérobique dans les sédiments qui rendent le mercure disponible (méthyl-mercure). Les larves d’insectes et autre formes de vie détritivores absorbent alors ce mercure pour le faire entrer dans la chaîne alimentaire. C’est ainsi que les dorés du réservoir Gouin se retrouve avec des taux de mercures nettement supérieur à ceux du fleuve (il y a d’autre facteur j’en conviens comme le pH de l’eau et la vitesse de croissance des dorés… mais quand même!).

Bon, ok un barrage c’est mauvais pour l’eau, c’est mauvais pour les poissons mais c’est fini là? Absolument pas! Même si on a abordé les effets les plus directs d’autre effets sont réel. Comme le niveau est constant le sol et la flore des milieux humides change. Le riz sauvage par exemple ne se retrouve jamais “à sec”, ou pire jamais sous l’eau. Sa population diminue ou disparaît. Cette disparition a un impact sur les canards. Le sol maintenant toujours inondé devient anaérobique, et expulse du méthane (gaz à effet de serre parmi les plus puissant) en plus du mercure précédemment mentionné.

Quand on regarde la carte du Québec, heureusement on y voit un grand nombre de lac et subitement on est heureux que le Lac-Saint-Charles soit l’exception en tant que lac périphérique d’une grande ville. Erreur!

On a érigé des barrages très loin dans le nord du Québec et bien des pêcheurs ont pu voir des vestiges de ces enrochements avec parfois encore quelques poutres de bois. L’image du bûcherons marchant dans une rivière de pitoune est d’une autre époque! Ceci dit durant l’époque de la drave toutes nos rivières furent à différentes échelles endiguées. Sans vouloir tirer de pierre à nos ancêtres évidement, cette pratique a grandement changée le lit de nos cours d’eau. Encore aujourd’hui le fond des rivières (et sans doutes des lacs!) est chargés de pitounes toutes prêtes à mordre dans nos leurres. Les rivières ont du à leur époque apporter leur lot de sédiments dans les lacs en contrebas, et les lacs eux-même, ont du subir une érosion à cet époque.

Plus la rivière était importante, et plus son bassin versant était grand, plus il a été long à bûcher et plus cet situation s’est étiré dans le temps. Les rivières se nettoient d’eux même. Les lacs, c’est du capital perdu à jamais. Même si beaucoup sont encore en santé, on a grugé sur leur “capital”. On les a vieillis prématurément.

Bref les barrages sont un grand gaspillage de la qualité de nos rivières. Quand ils produisent de l’électricité et chauffent nos maison l’hiver on peut dire que les avantages dépassent les inconvénients. En coupant les arbres avant la mise en eau, on diminue la matière organique (il serait encore mieux d’exposer la couche minérale, pas si profonde en général au Québec… mais c’est beaucoup demander je crois) et donc la demande en oxygène, la fermentation etc. Les barrages doivent être utilisées avec une très grande modération sinon ils sont un gaspillage de notre richesse!

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