Les barrages…

Quand vient le temps de penser “protéger le poisson” on pense spontanément à lutter contre le braconnage et la pollution. Pourtant les barrages et autres digues sont sans doute notre pire ennemi. Comme on m’a dit récemment, chez les poissons, le nerd de la guerre c’est la reproduction. En assumant un habitat adéquat le prélèvement a un impact beaucoup moins grave, surtout quand les adultes sont les prédateurs principaux des juvéniles (pensez au brochet).

Je viens de lire un articles sur la ré ouvertures, aux états-unis, de rivières en retirant des barrages historiques:
http://ens-newswire.com/2013/08/22/dam-removals-open-northeast-rivers-to-fish-recreation/

Ceci me fait penser cruellement comment nos rivières au Québec sont “Dammé” pour ne pas dire damné….

Prenons un exemple concret: la rivière saint Charles qui coule dans le centre ville de Québec. La rivière Saint-Charles ne redeviendra sans doute jamais la rivière à saumon de jadis: elle est trop urbanisée, son bassin versant trop déboisé. Elle pourrait quand même être l’habitat de beaucoup plus de poisson et une frayères pour beaucoup d’espèces (elle l’est déjà dans une certaines mesure pour le meunier et la carpe…). Malheureusement tous les poissons du fleuve qui veulent remonter sont bloqués à l’embouchure par un barrage. Utilité du barrage? Garder le niveau d’eau constant comme une piscine (ils disent “Régularisation”…).

Ces ouvrages compromettent la survie de nombreuses espèces de poissons et  la santé de beaucoup de population de poissons. L’anguille est un bel exemple, espèce en déclin, elle ne représente plus que 1% de ses population d’origine. Poisson fourrage dans son jeune âge (nourriture très appréciée du bar rayée) elle représente aussi une pêcherie de grande valeur. Quand mon père pêchait le fleuve (années 60), les gens en remplissait des poches qu’ils allaient vendre…. c’était une autre époque. Aujourd’hui les bébés ne peuvent plus remonter bien des rivières et quand bien même ils réussissent, c’est en descendant une fois adultes qu’ils seront broyés en traversant ces mêmes barrages.

Mais est-ce que tous ces ouvrages sont requis? Si j’aurais tendance à enlever toutes les entraves d’usage uniquement esthétique, il est possible d’obtenir de bon résultats sans aller vers une solutions aussi drastique. Revenons à notre cas de la rivière Saint-Charles, il faudrait simplement remplacer une “pelle”, une des grosses plaques d’aciers qui permet l’écoulement par en dessous de l’eau, par un enrochement avec un écoulement naturel par dessus. Ça permettrait de recréer un rapide artificiel, que les poissons pourraient remonter (et descendre sans risque mais leur indiquer le “bon chemin” peut-être compliqué).

Bon ok pour la Saint-charles, qu’en est il des autres rivières?
Commençons à l’ouest en allant vers l’est autour de Québec:

  • la rivière Portneuf, une petite rivière qui traverse la ville de porneuf: Barrage à quelques kilomètres dans les terres.
  • Jacques Cartier: barrage presque à l’embouchure. Ici c’est énergétique, donc d’une  utilité sociale mais il reste une grosse frontière à la migration des poissons.
  • Rivière Cap Rouge: bloqué en aval du boulevard de la chaudière, si c’est un obstacle franchissable pour certaines espèces, les petites espèces (poissons fourrages) y sont arrêtées.
  • La saint Charles… déjà mentionnée, bloqué à l’embouchure dans la zone de marée.
  • La montmorency bloqué par la chute, bien que ce soit naturel, c’est un habitat non disponible pour les poissons (frayères).
  • Saint-Anne (à Beaupré), barrage à quelques kilomètres du fleuve.

Quand on se donne la peine d’aller voir la liste des barrages… c’est assez consternant:
http://www.cehq.gouv.qc.ca/Barrages/ListeBarrages.asp?region=Capitale-Nationale&num=03&Tri=No&sens1=asc

Il en va de même pour la rive sud, mais beaucoup de rivière de la rive sud sont en plus en piètre état, pollué par le ruissellement et les rejets agricoles.

Un grand ménage s’impose dans ces ouvrages, détruire les ouvrages inutiles et désuet est un minimum! En normaliser l’écoulement pour permettre la migration des poissons (qui permet souvent de préserver l’usage originel des barrages) devrait être un objectif pour tous les autres… sauf les chutes bien sur!

Image relaxante sans réel lien avec le sujet

Aucun lien avec le post, mais il faut mettre des images

Quels poissons ont besoin d’une rivière pour frayer? À Québec avec la zone de marée c’est presque tout!

  • Le doré jaune et noir (une partie de doré noir fraie dans le fleuve).
  • L’esturgeon
  • L’éperlan (poisson fourrage très recherché!)
  • Le poulamon (poisson des chenaux, base de la chaîne alimentaire; le poisson le plus abondant en nombre dans le fleuve devant Montmagny)
  • Achigan (qui ne fraie pas dans les zones de marée et remonte les rivières pour frayer)
  • Gaspareau, Alose et analogue
  • Les salmonidés: truite arc-en-ciel, truite brune, saumon atlantique et corrégones.

En fait très peu de poisson fraient directement dans la zone de marée (des exceptions notable sont les bar: perche blanche et bar rayé, ainsi que les gobies)

Attend des truites dans le fleuve?

Absolument, si les truites ne restent pas devant Québec durant l’été, le fleuve communique avec la mer et les truites avec un comportement anadrome (qui vont grandir à la mer et remonte frayer dans les rivières) pourraient être beaucoup plus communes! Si le résultat pour le saumon avec la Jacques Cartier est mitigé, il pourrait largement être amélioré si on regarde d’autre modèle ailleurs.Pour l’arc-en-ciel et la brune encore plus j’en suis convaincu! Ne faites pas l’erreur de penser que toutes les truites capturées au pied de la rivière montmorency sont née et ont grandi dans cet unique fosse! Idem pour celles capturées sur la Saint-Anne!

Les poissons sont de nature migratoire par nature! N’importe quel pêcheur sait que l’habitat du poisson change avec les saison et avec sa taille! La pêche n’est plus ce qu’elle était… on l’a entendu un millier de fois. Mais l’habitat du poisson n’est plus ce qu’il était non plus! Détruire les barrages inutiles, et adapter les autres serait sans doute plus efficaces que bien des efforts en ensemencements, en répression etc.

Alors on s’attaque aux ruines?
Ensuite on pourra reconstruire! Mais ce sera éventuellement un autre article!

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